Les sites web des candidats aux Présidentielles respectent-ils votre smartphone ?

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L’objectif de cet article n’est pas de vous donner des consignes de votes, rassurez-vous, mais de vous sensibiliser sur la base d’un thème d’actualité, à la consommation du numérique et aux moyens d’agir sur ce média de plus en plus utilisé mais aussi de plus en plus impactant en terme de consommation de ressources et d’énergie.L’élection à la Présidence de la République Française approchant à grands pas, nous avons mesuré la consommation en énergie et l’impact sur l’autonomie des sites internet des 11 candidats à l’élection présidentielle.

Et oui, même si le logiciel tel qu’un site web ne s’use pas, ne se jette pas, et ne se branche pas directement sur une prise électrique, à haute dose d’audience, il a un impact sur l’environnement : sollicitation des smartphones, PC, du réseau ou des serveurs. Au-delà de la consommation d’énergie sur toute cette chaîne numérique, il est un facteur d’obsolescence provoquée sur le matériel qui consomme des services ou des contenus de moins en moins sobres.

Si les sites de campagnes sont éphémères, compte tenu du grand nombre d’internautes (et plus particulièrement de mobinautes), il est tout à fait intéressant de mesurer leurs impacts sur nos smartphones. Ces sites web sont-ils écoconçus ? Répondent-ils tous à un numérique efficient et responsable ? C’est ce que nous avons cherché à vérifier !

Méthodologie

Nous avons effectué les mesures des 11 pages d’accueil des candidats à l’élection présidentielle sur un smartphone Nexus 6. La mesure a été effectuée avec une charge de batterie comprise entre 50% et 80% (plage de mesure stable). Les fonctionnalités superflues (bluetooth, GPS, etc) ont été désactivées.

1 scénario de mesure avec 4 actions automatisées et standardisées:

  • 1 mesure de référence: plateforme (téléphone) à vide (mesure sans l’application) qui nous servira à calculer une unité fonctionnelle d’autonomie.

Résultats

Le comparatif de la consommation d’énergie des sites des 11 candidats (mAh)

On remarque que les deux sites les moins efficients et les plus consommateurs en énergie sont les sites des candidats Marine Le Pen (12,29 mAh) et Benoît Hamon (10,25 mAh), tandis que les plus efficients sont ceux des candidats Nathalie Arthaud (5,42 mAh) et Jean Luc Mélenchon (5,62 mAh). La moyenne de consommation des sites est de 7,5 mAh.
On constate par ailleurs un écart de consommation d’énergie entre la première position et la dernière position d’un facteur 130 %, soit une différence de consommation importante pour des sites qui « boxent » dans la même catégorie.

Si on effectue une projection de la consommation du scénario des 4 actions jouées de manière continue, scénario peu vraisemblable, même si vous êtes un amoureux fou d’un de ces candidats, je vous l’accorde, on a un écart de part l’autonomie liée au site qui peut passer de 2 Heures 20 à 6 heures 50.

Synthèse

Les sites des 11 candidats ont des niveaux de consommation d’énergie sur smartphone très variés. L’impact sur la batterie et son autonomie peut varier d’un facteur 3. Certes, il s’agit de sites éphémères mais compte tenu du nombre potentiel de visiteurs, l’impact sur nos mobiles et des ordinateurs de manière plus générale est important.

Cela pose également une question sur l’exclusion de certains utilisateurs : si je n’ai pas accès à une 4G « politiquement » correcte, que je n’ai pas un forfait illimité, que je n’ai pas accès ou les moyens pour charger mon téléphone… le chargement sera long et aura un impact fort sur le comportement global de mon téléphone, son autonomie, son temps d’affichage

Ce niveau globalement faible d’écoconception est représentatif de la prise en compte d’un numérique efficient et équitable, en général dans les entreprises. Ce constat rejoint en effet d’autres évaluations comme celui de l’accessibilité des sites web effectuée par l’association Valentin Haüy.

Le contenu va très rarement à l’essentiel (le programme) et le coût énergétique « dispendieux » sert généralement des besoins secondaires : profiling des utilisateurs, vidéos, réseaux sociaux… Il est clair que les candidats ont fait le choix de la transition vers le numérique. Les réseaux sociaux et le tracking étant des outils maintenant obligatoires pour promouvoir un produit ou service et améliorer sa visibilité, cette transition dans le domaine politique était nécessaire.

Cependant, à part quelques exceptions, nous aurions préféré une prise en compte d’un numérique plus efficient et plus responsable, plus centré sur l’utilisateur, et au final … vers l’électeur !