Avons-nous vraiment un impact positif ?
Chez Greenspector, notre mission est d’aider nos clients à réduire l’impact environnemental de leurs services numériques. Nous y travaillons chaque jour, mais est-ce suffisant pour compenser nos propres impacts ?
A cette question pourtant fondamentale, nous devons admettre que nous n’avons pas de réponse simple à ce jour. Nous proposerons à notre Comité de Mission de travailler sur ce sujet afin d’aller plus loin. En attendant, voici ce que nous pouvons partager avec vous.
Pour vérifier que nous avons un impact positif, nous devons connaître nos propres impacts, et estimer les impacts que nos clients évitent grâce à nous. Pour cet exercice, nous nous focaliserons sur la donnée d’impact la plus facilement évaluable : les émissions de gaz à effet de serre.
Nos impacts
C’est la partie « facile » du calcul. Nous réalisons notre bilan de gaz à effet de serre chaque année depuis 2019, en utilisant l’excellent logiciel de nos amis de Toovalu. Nous connaissons donc nos émissions de gaz à effet de serre. En 2021, elles étaient de 31 tCO2e.
Est-ce beaucoup ? Nous pouvons ramener cette valeur à un ratio monétaire couramment utilisé dans ce type d’approche : 31 tCO2e pour 851 k€ de CA en 2021, cela représente 36,9 kgCO2e/k€ de CA. A titre de comparaison, l’ADEME indique pour la catégorie « prestations de services faiblement matériels » une valeur moyenne de 110 kgCO2e/k€. Nous sommes donc 66% inférieurs à la moyenne du secteur. C’est bien, mais nous pouvons certainement faire encore mieux.
Les impacts évités
Là, ça se complique. D’une part nos activités sont diverses (ventes de licences, audits d’applications mobiles ou de sites web, aide au choix de flottes Android…). D’autre part, il n’est pas si facile de savoir combien nous avons aidé à éviter. Il faut pouvoir mesurer « avant » et mesurer « après » (ce qui n’arrive pas systématiquement) et il faudrait idéalement qu’entre le « avant » et le « après », seules nos recommandations visant à réduire les impacts aient été appliquées. Or si vous développez des applications ou des sites, vous savez bien qu’entre deux versions, il est bien rare qu’il n’y ait pas de multiples changements de toutes sortes.
Enfin, se pose une question méthodologique : supposons un audit sur une version 1.0, qui amène à 30% d’impacts en moins sur une version 1.1. Pouvons-nous considérer que ces 30% seront évités ad vitam aeternam, autrement dit, pourrons-nous considérer que la version 1.7 qui sortira dans 18 mois sera 30% moins impactante que ce qu’aurait été la 1.7 si nous n’étions pas intervenus sur la version 1.0 ?… Faute de mieux, nous avons fait le choix jusqu’à présent de considérer que les impacts évités s’appliquent pour les 12 mois à venir.
Donc, nous n’avons donc pas la possibilité de calculer des impacts évités sur tous nos projets ni pour tous nos clients – ce que nous regrettons. En revanche, nous pouvons nous faire une idée à partir de quelques cas pour lesquels ce calcul a été possible.
Prenons 3 exemples :
- L’application mobile SNCF Connect (version Android) : nous avons pu déterminer l’impact évité sur le parcours de réservation de billets TER : -18,9% soit -10 tCO2e sur un an.
- A l’extrême opposé, le rapport annuel intégré (RAI) du Groupe Orange : le site internet RAI 2021 a un impact inférieur de 55% par rapport au RAI 2020, ce qui représente pour son audience – modeste pour ce type de contenu – un évitement de 0,024 tCO2e sur un an.
Nous avons ici 2 projets typiques de notre activité, extrêmes dans leurs audiences, cumulant 10 tCO2e évitées donc une moyenne à 5 tCO2e par projet. Or nous avons travaillé en 2021 sur plus de 70 projets d’applications ou sites web. En prenant la moyenne de ces deux projets, multipliée par 70 projets nous arrivons à 356 tCO2e évitées. Une autre approche basée sur une catégorisation de chaque service selon son intensité d’usage nous amène à 150 tCO2e. Retenons cette valeur la plus basse.
Pour rappel, notre propre empreinte cette année-là était de 31 tCO2e : même si notre valeur basse à 150t était encore surestimée, il serait fort surprenant qu’elle se révélât inférieure à 31t.
« Et le 3e exemple ? », diront ceux qui suivent
Le 3e exemple est une prestation moins connue dans notre catalogue. Il s’agit de notre offre « Fleet Selection » qui consiste, grâce à nos mesures en laboratoire, à assister nos clients dans le choix d’un smartphone pour leur flotte mobile métier. Les mesures et les recommandations portent sur des critères d’autonomie bien sûr, mais aussi sur la durabilité des terminaux (longévité de la batterie, robustesse…) afin de vérifier qu’ils permettront de répondre aux besoins métier sur un temps le plus long possible.
En 2021, nous avons aidé un client à choisir le terminal le plus durable pour une flotte de 35 000 smartphones et 5 000 tablettes. Grâce à nos mesures, il a pu s’assurer de choisir un modèle dont la durée de vie devrait être de 4 ans au lieu de 3. L’impact de fabrication d’un smartphone est en moyenne de 54 kg CO2e, celui d’une tablette de 108 kgCO2e (valeurs extraites du modèle d’impacts Greenspector). La prolongation d’un an avant le remplacement de cette flotte représente donc une économie de 810 tCO2e. On peut objecter que nous n’avons pas 100% de responsabilité dans ce choix. Si nous nous attribuons ne serait-ce que 10% de ces 810t, cela représente 81 tCO2e évitées – à comparer aux 31t que nous émettons.
Conclusion
Nous ne savons pas encore quantifier précisément notre impact positif, et nous ne le saurons peut-être jamais. Mais il est primordial pour nous de nous assurer que nous avons bien un impact positif. C’est ce que cet exercice réalisé sur l’année 2021 a permis de démontrer.
Nous allons continuer à travailler sur cette évaluation des impacts évités afin de parvenir à des résultats plus précis dans le futur. Mais même en prenant des hypothèses prudentes, nous sommes certains que nos actions permettent d’économiser des émissions de gaz à effet de serre.
De plus, rappelons que l’amélioration de la sobriété des applications a d’autres impacts positifs, notamment sur l’aspect social en permettant à des personnes disposant de terminaux anciens et/ou bas de gamme d’accéder à ces services numériques souvent indispensables dans la vie quotidienne.
Tout cela nous rend fiers et nous conforte dans la poursuite de notre mission.
Thomas CORVAISIER est directeur général de GREENSPECTOR. Après une formation d’ingénieur, il a réalisé un parcours de plus de 15 ans en conseil auprès de grands comptes français et internationaux d’abord autour de la production des systèmes d’informations et l’organisation des DSI, puis sur des problématiques de responsabilité sociale et environnementale (comptabilité carbone, management environnemental, Green IT).