Bruxelles Environnement – Ecobuild
Étude de cas
Bruxelles Environnement – Ecobuild
Dans le cadre de sa transformation digitale, Bruxelles Environnement s’est donné comme objectif de faire preuve d’exemplarité en termes de sobriété numérique. De nombreux chantiers sont en cours selon une approche en « cycle de vie », c’est-à-dire qui tient compte de la fabrication, de l’utilisation, et de la fin de vie des équipements et services numériques.
En parallèle à cette exemplarité, Bruxelles Environnement collabore étroitement avec le Paradigm (Organisme d’intérêt public acteur de la transformation numérique en Région de Bruxelles-Capital) qui a lancé l’initiative régionale Numérique Responsable. Celle-ci a pour objectif de réduire l’empreinte environnementale du secteur numérique de la Région Bruxelles-Capitale à travers de nombreux chantiers mais également de promouvoir les solutions numériques au service de la transition écologique.
C’est dans ce contexte-ci qu’il nous semblait évident d’intégrer l’écoconception dans ce projet de refonte complète du site web vitrine de l’administration de l’environnement.
A différents endroits du cahier spécial de charges, la notion de sobriété numérique a été évoquée comme faisant partie intégrante des valeurs de Bruxelles Environnement :
• dans la méthodologie et l’approche souhaitée ;
• dans le cadre des objectifs et des attentes décrits pour cette refonte ;
• sous forme d’annexes avec certaines bonnes pratiques en écoconception et la mention de certains outils d’audits (comme le GreenIT – Ecoindex) ;
• dans la solution recherchée pour l’hébergement.
Ecoscore Greenspector avant la refonte
Impact carbone avant la refonte
Ecoscore Greenspector après la refonte
Impact carbone après la refonte
Projection annuelle de l’impact environnemental
Interview de Caroline SMEYERS, gestionnaire web chez Bruxelles Environnement
Quel était l’objectif de la mission de Greenspector dans le cadre du projet ?
Thierry LEBOUCQ
Président Greenspector
Caroline SMEYERS
Gestionnaire Web
« Nous nous sommes rendus compte après le démarrage du projet qu’il était difficile pour nous, équipe projet, d’atteindre cet objectif avec succès, sans l’aide d’un expert en la matière. Nous avons dès lors entrepris des démarches pour trouver le partenaire qui convenait le mieux aux besoins de ce projet. Les délais étaient très courts vu que le projet avait déjà été entamé (phase UX/UI déjà bien avancée). Il était également important pour nous de pouvoir chiffrer et objectiver l’impact concret des efforts que nous allions déployer en écoconception. Grâce à l’écoscore de Greenspector, nous avons pu évaluer rationnellement le résultat de nos efforts avant et après projet. »
Quels choix ont été faits en amont des développements ?
« Malgré le fait que la nouvelle identité graphique avait déjà été définie, nous avons demandé à Greenspector de faire un audit des maquettes graphiques du site internet. Nous savions que ces dernières avaient un impact fort dans l’écoconception et souhaitions faire notre possible pour les ajuster avant le lancement des développements. A noter aussi que nous nous étions déjà engagés au niveau de l’hébergement à choisir un fournisseur local et travaillant avec de l’énergie verte. »
Avez-vous utilisé des bonnes pratiques – comment les avez-vous choisi dans votre projet ?
« Suite à l’audit et aux bonnes pratiques recommandées par Greenspector, nous avons essayé de trouver un équilibre entre la mise en application de l’écoconception et les exigences liées aux autres objectifs du projet (par exemple, celui de garantir une expérience utilisateur agréable et chaleureuse).
Pour les bonnes pratiques techniques, Greenspector nous a aidé à identifier des fonctionnalités impactées et comment les développer dans le respect de l’écoconception. »
Comment la démarche s’est déroulée tout au long du projet de développement pour garantir la bonne prise en compte de la sobriété ?
« Suite à l’audit des maquettes graphiques, notre souhait était de bénéficier des conseils de l’expert en écoconception pour accompagner l’équipe de développement à hauteur de 2 jours par sprint (de 3 semaines). Son rôle était d’identifier les actions clés et ensuite, de choisir parmi les solutions les plus sobres, les plus judicieuses à implémenter. »
Avez-vous utilisé des outils durant le projet pour vous permettre d’avoir des repères de cette sobriété ?
« Greenspector met à disposition un outil de mesure qui permet d’évaluer l’évolution progressive des bonnes pratiques mises en place et d’identifier les réajustements nécessaires pour davantage de sobriété. »
Afin de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue, nous avons lancé un premier audit sur un échantillon de 30 pages du site d’origine. Ainsi, nous avons pu identifier des bonnes pratiques à mettre en œuvre et établir un budget environnemental pour le projet. Par la suite, les pages équivalentes à ces 30 pages ont été mesurées quotidiennement (monitoring) au fur et à mesure de leur développement. En complément, voici deux articles sur la démarche de mesure et d’évaluation des pages :
Votre partenaire MOE a-t-il été sensible à la démarche et à la mise en œuvre des recommandations ?
« Le prestataire de développement a vu cet accompagnement rapproché comme une belle opportunité d’apprentissage sur cette thématique encore assez neuve en Belgique. Ceci dit, un petit conseil aux autres, veillez à clarifier les rôles et responsabilités au sein de la collaboration et à exprimer le besoin de développements spécifiques de manière bien précise en amont.
En ne définissant pas clairement le panel de tâches supplémentaires nécessaires à l’application de l’écoconception avec votre développeur dès le départ, vous risquez de faire face à des mauvaises surprises budgétaires en cours de projet. »
Aviez-vous objectivé les résultats à obtenir au démarrage et comment ?
« Greenspector a proposé dans son offre de faire un Webmark, soit une analyse comparative de 30 pages sur l’ancien site et 30 pages équivalentes sur le nouveau. Cette analyse permet de mesurer l’impact et la bonne implémentation des mesures prises et se concrétise par une note globale appelée « écoscore ». L’objectif était de comparer l’écoscore avant et après, et surtout de s’assurer que l’écoscore minimum soit atteint. Un outil de monitoring et sa licence de 6 mois étaient également disponibles. »
Avez-vous atteint ces résultats ?
« Oui, grâce au travail fourni par les développeurs et la collaboration étroite avec l’expert en écoconception, nous avons obtenu un très beau résultat pour la majorité des bonnes pratiques implémentées. »
Comment avez-vous pérennisé ces bons réflexes au-delà de ce projet ?
« Il est important lors de la maintenance de rester constamment vigilant afin que les bonnes pratiques d’écoconception restent en tête lors de tout nouveau développement et lors de la création de nouveaux éléments graphiques. Il est vrai qu’avec la connaissance plus générale que nous avons en interne, il n’est pas toujours évident de garantir et surtout de veiller à ce que les bons réflexes soient appliqués à tous les niveaux. »
Quel meilleur conseil pourriez-vous donner aux organisations qui souhaiterait intégrer une démarche d’écoconception ?
« Intégrez l’écoconception dès le début de votre projet, même au moment de l’idéation. Faites-vous accompagner ou faites en sorte de former les équipes qui devront travailler en prenant en compte cette démarche afin de garantir le succès de votre projet. Il est faux de croire que l’écoconception ne touche que le développement technique d’un site. »
Cette démarche vous a-t-elle occasionné une charge importante dans les équipes ou a-t-elle eu des impacts sur le planning ?
« Etant donné que l’audit des maquettes graphiques a relevé plusieurs pistes d’améliorations, nous avons choisi de prendre le temps d’appliquer la plupart d’entre-elles. Ceci a causé un délai supplémentaire de 2 semaines dans la livraison des maquettes graphiques et démarrage plus tardif du développement. L’accompagnement rapproché de l’expert en écoconception et sa disponibilité à hauteur de 2 jours par sprint a suscité le besoin d’alignements réguliers et de réunions avec le prestataire de développement.
Vu que certaines solutions techniques existantes ou « toutes-faites » ont été réévaluées afin d’appliquer des solutions plus sobres, cela a augmenté la charge des développeurs et toute la chaine de validation. A côté de cela, c’était une vraie plus-value d’être accompagné d’un expert en écoconception qui pouvait tester les solutions et pointer précisément les erreurs à corriger. En ayant travaillé de manière agile, ce suivi était très bénéfique. »
En complément, des expertises ponctuelles ont été apportées sur certains sujets (comparaison de solutions de cartes interactives, etc). Comme indiqué précédemment, la réussite de cet accompagnement est liée au fait d’avoir embarqué le sujet de l’écoconception au plus tôt et d’être allé bien au-delà du simple développement. L’implication des différentes parties prenantes ont constitué des atouts considérables.